L’autoédition, un thème concernant de nombreux auteurs et bien plus que vous ne pouvez l’imaginer. C’était d’ailleurs mon cas durant trois ans, avant d’être publié par les éditions L’Âme En Livre et qu’une nouvelle collection voit le jour. Ce sujet, je l’ai évoqué avec un auteur de romans jeunesse lors du Printemps Littéraire, le salon du livre d’Erdeven qui s’est déroulé le dernier weekend de mars.
Nous avions déjà échangé sur l’autoédition, notamment lorsque j’ai entrepris cette activité en 2018. À l’époque, je peinais à évoluer convenablement à cause de lacunes et de nombreuses zones d’ombre. J’ignorais beaucoup de choses de cette activité qui reste, à n’en point douter, un métier à part entière. Nos diverses discussions furent révélatrices sur le fossé qui me séparait d’une version professionnelle (oui, le professionnalisme est possible et doit être même visé dans l’autoédition).
Comment se professionnaliser dans l’autoédition ?
Alors oui, pour ma génération ou ceux familiarisés avec l’outil informatique, il n’y a rien de sorcier à écrire son roman via un logiciel de traitement de texte, puis ensuite de le convertir en PDF pour le transmettre à un imprimeur. Sauf que si tout était aussi facile, la vie serait bien plus belle, n’est-ce pas ? Mais il n’en est rien. Pour un écrivain, le chemin de l’autoédition, pourtant abordable, est surtout semé d’embuches.
Attention, je ne cherche nullement à décourager celles et ceux souhaitant entreprendre cette voie. Cependant, il faut garder à l’esprit qu’elle sera exigeante et que la procrastination ne sera pas de mise. Car les étapes pour la publication ne manquent pas, il est primordial de s’entourer, de se faire aider.
À mes débuts, je n’envisageais pas qu’il aurait fallu démarcher :
- Un (ou plusieurs) bêta-lecteur : lorsqu’on écrit, nous sommes dans une bulle, les descriptions ne sont pas forcément limpides, des avis extérieurs sont donc indispensables avant de publier (cela donne souvent lieu à une réécriture…).
- Un correcteur : si vous pensez être incollable en orthographe / grammaire, vous allez être vite surpris ! Qui n’a jamais aperçu de coquilles dans un livre d’une grande maison d’édition ?
- Un illustrateur : la première chose que vos futurs lecteurs verront, vous devez la soigner ! Bien sûr, votre budget sera au cœur de la sélection car les prix peuvent vite grimper.
- Un professionnel de l’édition : peut-être que la mise en page d’un livre vous semble hors de portée ? Si vous oubliez le fond perdu, votre texte sera peut-être illisible (trop proche du centre du livre), choix de la police, etc. Il n’est pas rare que les correcteurs proposent ce genre de prestation.
- Un imprimeur : comparer les prix, le type de papier, le grammage, se renseigner sur les appréciations et le mode de livraison.
Ce n’est pas pour autant que cela doit vous intimider. Mais dites-vous bien que ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
Ensuite, toute la partie communication et démarchage va débuter.
Là, prendre sur son temps libre pour se faire connaître auprès des librairies et des organisateurs de salons littéraires sera votre clé de voûte.
Sans eux, vous ne pourrez exister. Des échanges seront nécessaires pour attirer leur attention. Si en amont, vous avez déjà imprimé des flyers, des marque-pages ou des cartes de visites, c’est un plus ! Dites-vous bien que vous serez noyé dans la masse à cause des autres auteurs autoédités qui nourriront les mêmes desseins que vous. Donc un élément graphique peut vous permettre de ne pas tomber dans les oubliettes…
Bien évidemment, vous allez devoir utiliser les réseaux sociaux. Même si tous ont leurs avantages et leurs inconvénients, les vidéos sont davantage mises en avant que le contenu écrit. C’est le comble pour un auteur, mais c’est ainsi. Sinon, pour parler un peu de vous, il y a toujours les chroniques littéraires. Sur Simplement, vous aurez le choix. Sauf qu’il ne faut pas accepter toutes les demandes : l’impression de vos livres à un coût et il vous faudra rentabiliser cet investissement. Le mieux est de consulter les différents canaux utilisés par le chroniqueur avant de se décider.
Gardez bien à l’esprit que cette phase ne fait que commencer. À moins que vous ne deveniez célèbre, vous serez dans l’obligation perpétuelle de rappeler que vos livres n’attendent que leurs prochains propriétaires.
Quel avenir pour l’autoédition ?
La question mérite d’être posée, car même si le vivier est consistant, la place de l’autoédition dans les événements littéraires se réduit de plus en plus pour deux raisons.
La première, c’est que l’édition indépendante et autodidacte jouit d’une mauvaise réputation : coquilles nombreuses, mise en page laissant à désirer, récit incompréhensible ou histoire inachevée. La deuxième, sans chercher à les blâmer, les maisons d’édition n’ont rien à y gagner si la concurrence se développe, surtout que des milliers d’exemplaires sont en jeu.
Ces dernières ont de nombreux auteurs référencés dans leurs catalogues. Néanmoins, les connaissez-vous ? Non ? Moi le premier d’ailleurs, hormis les « poules aux œufs d’or », j’ignore le nom des écrivains qui les composent. Qu’adviendra-t-il d’eux lorsque leurs futurs manuscrits ne trouveront plus d’échos auprès de leurs éditeurs ? Se lanceront-ils dans l’autoédition afin de ne pas sombrer dans l’anonymat ? Comment s’y prendront-ils ?
Ou prenons le problème dans l’autre sens : imaginons qu’un auteur autoédité perce et atteint un stade où il est nécessaire d’être structuré pour gérer la production, la communication, ainsi que les diverses tâches incombant les métiers de l’édition. Ne serait-ce pas aussi l’intérêt d’une maison d’édition que ce genre de situation puisse germer ? Un exemple parmi d’autres, celui d’Aurélie Valognes qui s’est lancée dans l’autoédition avant d’être propulsée dans les hautes sphères de la littérature française. L’éditeur qui s’occupe de ses manuscrits aujourd’hui ne doit pas s’en plaindre…
Lorsque les volumes de vente deviennent élevés, l’appui d’une maison d’édition ou la création d’une structure avec l’emploi d’une ou plusieurs personnes viendra comme une évidence. Sauf que pour atteindre cet objectif, encore faut-il commencer sur de bonnes bases.
Mais pour revenir à la suggestion de mon collègue, et ce afin de ne pas être les vestiges de l’autoédition, qui était : « Ne devrions-nous pas enfin accorder nos violons dans le but de concevoir une charte, voire un collectif, où serait rassemblé tous les bons procédés pour que ces nouveaux auteurs n’aient pas l’herbe coupée sous le pied dès leur lancement ? » Peut-être que nous aurions là un bon point de départ ? Notre division ne sera jamais une force exploitable, au contraire d’une union solidaire.
Dans le cas où vous seriez concerné, quelle que soit votre expérience en la matière, n’hésitez pas à en parler avec les auteurs que vous côtoyiez ou suivez sur les réseaux sociaux. Qui sait ce qui pourrait naître à l’issue de ces réflexions ? Même si de l’entraide existe sur le web, notamment sur Twitter, matérialiser nos acquis à travers un document officiel permettrait de démocratiser et professionnaliser notre passion. Les auteurs déterminés à entreprendre cette activité pourront alors s’appuyer sur un socle de conseils avisés et de mesures à mettre en place pour pérenniser leurs œuvres.
Étant donné que je suis dorénavant édité, pourquoi me soucier de cette problématique me direz-vous ? Tout simplement parce que je l’ai vécue. Même si ce fut que trois années, elles furent compliquées, remplies de doutes, et que sans les quelques conseils reçus à l’époque, il aurait été difficile de poursuivre l’aventure. Permettre à d’autres auteurs d’obtenir un soutien technique, de continuer leurs passions, voire d’en vivre si possible, est un juste retour à l’envoyeur.
En tout cas, espérons qu’à l’avenir nous puissions mettre en place cette « entraide officielle » dans le but de garantir l’épanouissement des auteurs indépendants.
À très vite sur les réseaux sociaux ou sur le site internet.